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Globalement,
la gouvernance, le management et la direction qualitative sont des vecteurs de
succès dans une société où la culture a assimilé un tel système, où l’on croit
fermement que le monde est transformable et qu’il suffit des hommes pour le
transformer, que la pensée, l’action et les connaissances en sont les principaux
vecteurs. C’est par là que commence la gouvernance qualitative. Celle-ci fait
assumer un impératif : d’une part, la nécessité de développer la capacité
des gens à se focaliser sur une vision globale, sur une trajectoire ; d’autre
part, la nécessité de donner un sens à un projet et à le partager avec
d’autres. C’est pourquoi la gouvernance et la modernisation ne sauraient être
sans s’intégrer dans la perspective démocratique et entrepreneuriale.
La
modernisation, en Afrique, au 21ème siècle, suppose une évolution des
paradigmes de la démocratie classique. Ce qui est en jeu, c’est une nouvelle
théorie de la science administrative, de la gouvernance managériale,
démocratique et entrepreneuriale.
Démocratie
et gouvernance entrepreneuriale
La
gouvernance démocratique, managériale et entrepreneuriale suppose de nouveaux
défis ; en même temps des réseaux qui conduisent à une société
d’initiatives éclatées et « poly-cellulaires ». Elle suppose de
nouveaux principes qui encouragent plusieurs constellations d’initiatives, une
volonté sans faille de sortir de l’ère des structures lourdes et centralisées. Au-delà,
il y a des questions d’éthique et de morale qui dépassent un seul des Etats de
ce monde…
Les
principes en gestation
Il
paraît important de reformuler le concept démocratique, dans le monde
d’aujourd’hui. Aussi, faut-il tenir compte de la perspective managériale, des
avatars de la gouvernance classique et des réalités technologiques d’un monde
en réseaux cybernétiques.
La
démocratie du 21ème siècle aura lieu dans un contexte de sous-systèmes en
interaction, peut-être beaucoup plus éclatés qu’on le pense aujourd’hui, avec
plusieurs pôles : l’économique, le social, le culturel, l’ordre national
et international. La démocratie et la gouvernance sont ainsi appelés à évoluer,
car, à défaut, coexisteront des centres riches et des ghettos révoltés, en
affrontement, ceci tant au niveau de la société internationale qu’au niveau des
Etats ou d’une nation. La démocratie politique aura besoin de mutations,
probablement au cours du 21ème siècle…
La
démocratie politique en mutation
Les
paradigmes de nos parents, envisagés du point de vue global de la société
internationale, ont changé. Les nôtres vont aussi changer ; nous entrons
dans un monde d’information partagée, à la carte, sur menu, sur des
réseaux ; un monde de chaînes d’images, de sons, de connaissances. Nos
enfants en connaissent déjà plus que nous quand nous avions leur âge.
Sur
le plan de la compétition économique, qui n’a pas constaté que les leaders
excellents auront pour tâches primordiales d’impulser des changements rendus
nécessaires par des innovations socioculturelles, technologiques et
managériales ? Que de nouvelles sphères de richesses vont se déplacer vers
des industries culturelles et numériques, du savoir, probablement plus
prospères que les industries classiques ?
Et
pour cette raison, les leaders excellents auront besoin de vision. Ils seront
des catalyseurs ; ils auront un
pied sur le passé, un autre sur le présent et la tête rivée sur les pans de
l’avenir.
Le
multipartisme et la gouvernance peuvent et doivent, dans cette perspective, être
des alliés des mutations, un outil d’innovation et de changement. Mais il
faudra alors franchir une première étape : faire de la démocratie, un
outil de restructuration politique.
Dans
le contexte des mutations de la société internationale, la démocratie augure
déjà de l’inévitable opportunité de mettre fin à la centralisation et à la
hiérarchisation qui bloquent dans le champ social l’esprit entrepreneurial, la créativité
et l’innovation. La société internationale des prochaines décennies sera une
constellation de centres d’initiatives, d’innovation, d’expérimentation et de
créativité. Les Etats et les nations qui auront libéré ce type d’énergies
créatrices pourront participer au concert des « universiades », être
dynamiques et prospères. Probablement, des centres d’initiatives légères et
flexibles auront à bousculer la stratégie des multinationales…
Le
devoir de la démocratie et de la gouvernance, au 21ème siècle, c’est
de gommer les tendances qui renforcent les inégalités entre les élites
détentrices du pouvoir ou du savoir et des citoyens innovateurs et créatifs, en
marge des mutations porteuses de valeur ajoutée. Mais, ceci suppose un nouveau
type de leadership. Le pouvoir du futur sera autre chose que celui qui existe
aujourd’hui. La démocratie suppose dans cette perspective un accroissement de
la marge de manœuvre des citoyens, des nouveaux modes de dévolution des
pouvoirs dans les pays à faible culture démocratique. Elle suppose un Etat qui
instaure un système politique à visage humain, qui sait impulser des centres
autonomes mais disciplinés de création de richesses, d’injection de valeurs
ajoutées culturelle, économique, sociale et informationnelle. Une telle
évolution requiert l’affirmation de la société civile, car la démocratie suppose
une société civile majeure, une certaine altération de « l’unanimité» qui
tue la créativité, la réflexion et l’innovation. Par une évolution s’institue progressivement un
système authentique, social et institutionnel, base sur la liberté de la
compétition, les droits de savoir et au savoir, le partenariat… La vraie
gouvernance, au sens systémique du terme, suppose le développement d’un large
savoir créateur, lequel ne peut se développer que dans une société
authentiquement démocratique et entrepreneuriale, pour autant que la démocratie
ait le sens que nous lui donnons ici.
Pour
en savoir plus, deux ouvrages d'Abdou Karim GUEYE
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